Carabins

Sa grande pine

 
J'étais pucelle et ce soir-là,
Dans le jardin, sous les glycines,
Mon premier béguin me montra
Sa Grande Pine
Puis, fourrageant sous mon jupon,
Sa forte main se fit câline,
Et je sentis dans un frisson
Sa Grande Pine

D'abord je criai de douleur,
Mais dans sa rage qui s'obstine
Elle m'enseigna le bonheur
Sa Grande Pine
Et labourée par ses assauts,
Je gémis la plainte divine
Que m'arracha dans ses sursauts
Sa Grande Pine

Tout me devint indifférent,
Succès, richesse ou bien débine,
Lorsque je sentis dans mes flancs
Sa Grande Pine
Depuis je ne crains plus, ma foi,
Tout ce que le sort me destine,
Pourvu que bande auprès de moi
Sa Grande Pine

Elle s'égare quelquefois
Dans ma bouche rendue coquine,
Ou bien se meurt entre mes doigts,
Sa Grande Pine
Ou bien, sur un rythme insensé,
Rêvant d'un gars de la marine,
Elle se trompe de coté,
Sa Grande Pine

Qu'aux années s'ajoutent les ans,
Que lassitude se devine,
Je ne veux mourir qu'en serrant
Sa Grande Pine
Et plutôt que le Paradis,
Mieux vaux l'Enfer où se dessine,
Dans l'ombre des plaisirs maudits,
Sa Grande Pine
    

 

 

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