Le fils-père (2)
Il était beau il s'app'lait Jules Et il n'avait jamais fauté, Quand un beau soir au crépuscule Par le désir, il fut hanté Juste à c'moment, une brunette Qui descendait de l'autobus Lui dit: "Viens-tu dans ma chambrette? J'habit'là au Quartier Picpus" Amour, amour, tu fais fair'des folies Amour amour, tu nous fais bien du mal Il soupira: "Si je faute, ma mie, M'épous'ras-tu?" "Oui, dit-ell'c'est fatal" Mais quand il s'fut donné bêt'ment Ell'lui dit: "Maintenant, fous l'camp" Ell'le chassa de sa maison Sans mêm'lui rendr'son pantalon C'est alors qu'il comprit Sa honte et sa misère, Un malaise le prit Jules allait être père. Afin d'dissimuler sa faute Il prit d'affreuses précautions, Il se serra les entrecôtes Et fit élargir ses cal'çons. Mais un jour il perdit sa place, Le patron l'ayant fait app'ler Lui dit: "T'as fauté, je te chasse Faut pas d'fils père à l'atelier" Parlé: Mon Dieu! Pour oublier, il sombra dans l'orgie, Il but du cidre et de l'Urodonal Alors à Montmartre là-haut On l'vit rouler dans le ruisseau Tandis que d'joyeux noctambul's Venaient tirer l'oreille à Jules Et de son pauvre corps Les filles abusèrent On n'est pas respecté Quand on est un fils père. Un soir, dans un'louche officine, Il entra décidé à tout Il vit une femme, un'gourgandine Qui s'appelait "la mèr'Guette au trou" Pour fair'disparaître les traces De la faute du pauvre gueux Ell, lui charcuta la carcasse En se servant d'un'pelle à feu. Parlé: Oh quelle horreur! Le pauvre gars faillit perdre la vie Il vient hier de sortir de l'hôpital Et maintenant pâle et flétri, Le ventre et les seins pleins de plis, Sur l'Sébasto on peut le voir Jules est dev'nu fils du trottoir Moralité: Mariez-vous, jeunes gens Avant d'vous laisser faire Ne faites pas comm'Jul's Le malheureux fils père |